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Hommage aux deux femmes gendarmes tuées le 17 juin 2012.

gendarmesPlusieurs milliers de gendarmes, anonymes et représentants officiels ont rendu hommage, vendredi à Hyères, aux côtés des familles, aux deux femmes gendarmes tuées dimanche dans le village de Collobrières (Var), dans une cérémonie empreinte d'émotion et de dignité.

«Le 17 juin, deux gendarmes sont tombées. La République pleure, car la République est endeuillée. La justice fera son oeuvre. Aujourd’hui, c’est le temps du recueillement», a déclaré le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, lors de son éloge funèbre. C’est la première fois dans l’histoire de la gendarmerie que deux femmes gendarmes ont été tuées lors d’une même opération.

Avant que Manuel Valls ne prenne la parole, les cercueils avaient fait leur entrée sur la place, sous le regard des proches d’Alicia Champlon, une adjudante de 28 ans, et Audrey Bertaut, maréchal des logis-chef de 35 ans et mère de deux enfants de 12 et 5 ans, et de l’ensemble des corps de la gendarmerie, parfaitement alignés sous un soleil de plomb.

Les cercueils ont été portés par leurs collègues de la brigade de Pierrefeu-du-Var et de Lançon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), où était affectée Alicia Champlon avant de rejoindre le Var.

«Aujourd’hui, c’est la grande institution, mais aussi la grande famille qu’est la gendarmerie nationale, qui est en deuil», a souligné le ministre, rappelant que les missions des gendarmes relèvent de l’imprévu, «un imprévu qui peut aller jusqu’au pire».

Manuel Valls a salué ces «références et repères pour la collectivité», dans les zones rurales et péri-urbaines où ils vivent, avant d'évoquer le «professionnalisme» des deux jeunes militaires mortes dimanche «dans des conditions d’une extrême violence», alors qu’elles intervenaient dans le village de Collobrières (Var) pour un différend à la suite d’un vol.

Concluant son discours par des «mots d’une grande tristesse et de grande fermeté», le ministre a ensuite décoré les victimes à titre posthume de la Légion d’honneur et de la médaille militaire.

François Hollande a quant à lui rendu, en Conseil des ministres, un «hommage très appuyé» aux deux gendarmes tuées dans le Var,  et exprimé sa «solidarité mais aussi sa confiance à l'égard des forces de l’ordre», a rapporté la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.

Dans la foule, de nombreuses personnalités. Le président François Hollande était représenté par son directeur de cabinet adjoint, Alain Zabulon. Sept députés de la région, le sénateur-maire de Toulon, Hubert Falco, le préfet du Var, Paul Mourier, et des maires des communes alentour avaient fait le déplacement.

De nombreux anonymes aussi, souvent en larmes, comme ce gendarme retraité de Pierrefeu, Daniel Baert, «très touché, comme l’ensemble de la population». «La façon dont elles ont été tuées est horrible, c’est quasiment une exécution», a-t-il relevé.

Eric Perrin, un habitant venu par «solidarité», se disait lui «choqué par le fait qu’on ait envoyé deux femmes sur un cambriolage». Une question récurrente à laquelle a tenu à couper court le directeur général de la gendarmerie (DGGN), le général Jacques Mignaux. «Tous les témoignages des femmes que j’ai reçus sont très forts et unanimes : "mon général, ne changez rien, nous voulons être considérées comme des gendarmes à part entière". Il n’y a pas de différence. Dans cette affaire, ce qui leur est arrivé aurait pu arriver à des hommes», a-t-il déclaré à l’issue de la cérémonie.

Pendant l’hommage rendu à Hyères, pour la première fois, la population a été officiellement accueillie dans toutes les gendarmeries de France, où ce drame a suscité émotion et colère.

Une cérémonie religieuse devait ensuite avoir lieu à Hyères dans l’intimité, avant l’inhumation d’Audrey Bertaut à Pierrefeu et d’Alicia Champlon à Verdun dans la Meuse, d’où elle était originaire.

Une marche blanche doit par ailleurs clôturer la série d’hommages, vendredi à 18 heures sur les lieux du drame à Collobrières, un village de 2 000 habitants enclavé dans le massif des Maures, où le meurtrier présumé venait de s’installer.

Déjà condamné à plusieurs peines de prison, Abdallah Boumezaar, qui a reconnu les faits, a été mis en examen et écroué mardi soir pour homicide volontaire et assassinat. Sa compagne est poursuivie pour «complicité et dissimulation de preuves».